« La Sainte Croix de Jérusalem est née du désir d’un certain nombre de jeunes qui, après avoir été formées à l’esprit et aux activités et discipline du scoutisme catholique, ont été amenées, par la pratique de la Loi et de la Promesse, à souhaiter une règle de vie plus précise, des engagements plus complets ; bref, à envisager le don total d’elles-mêmes dans une vocation proprement dite. »
Père Jacques Sevin, s.j.
fondateur de la Maison Française
et des Scouts de France
Lorsque le 1er mars 1920, le père Jacques Sevin se présente, à Paris, à la réunion où se trouvent rassemblés ceux qui s’intéressent au scoutisme, il y apporte un programme prêt depuis 1917 : le nouveau mouvement s’appellera les scouts de France, la prière sera celle attribuée à saint Ignace de Loyola — fondateur de la Compagnie de Jésus dont le père Sevin est membre — « Seigneur Jésus apprenez nous à être généreux… », l’insigne la croix de Jérusalem.
Cette croix a une histoire et est un symbole. Avant d’apparaître accolée à la signature de Baudouin 1er, roi chrétien du Royaume latin de Jérusalem, créé en 1099 à la suite de la première croisade, les recherches archéologiques témoignent de son existence dès le IVe siècle, à Nazareth, à Jérusalem et en Égypte. Cette croix appelée potencée parce que formée de quatre « Tau » la lettre grecque T, en forme de potence, qui était la forme de la croix portée par le Christ telle que le révèle le Saint Suaire, est une croix cosmique. Ses quatre Tau sont dirigés vers les quatre points cardinaux.
La couleur rouge semble liée dès les débuts à la mort du Christ, au martyre.
La fleur de lys blanche, placée au centre de la Croix avait été choisie par Baden-Powell vers 1909 comme emblème du scoutisme international ; elle l’est toujours. De longue date elle apparaissait sur les boussoles et les cartes pour indiquer le Nord. Elle signifie que le scout est un éclaireur qui sait s’orienter et choisir aussi sa direction dans la vie. Elle rappelle aussi les trois parties de la Promesse et les trois vertus de base du scoutisme : Franchise, Dévouement, Pureté.
Dès 1931, le père Sevin donna cet insigne au premier groupe de cheftaines qui se réunissent autour de lui, en vue d’approfondir leur vie spirituelle à partir de la spiritualité scoute et peut-être de réaliser, si Dieu le veut, la fondation à laquelle il songe. A la croix potencée, il ajoute quatre fleurs de lys, symboles de ce qu’il entrevoit déjà : quatre vœux religieux : chasteté, pauvreté, obéissance et humilité (non-ambition).
Cette croix, qui a donc marqué son origine et a donné son nom à la congrégation, est signe de l’universalité de la rédemption. Elle symbolise à la fois la plénitude de la puissance de la croix sur le monde, l’universalité du salut, de la rédemption et de la mission, en même temps qu’elle rappelle l’histoire : le Christ est mort en Jérusalem, symbole de l’unité et du salut du peuple de Dieu, lieu d’où partit la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Elle nous convie à vivre le Mystère pascal.
Point culminant de la Pâque, Elle est aussi symbole de la Jérusalem d’En-Haut à laquelle nous appartenons, vers laquelle nous marchons et voulons aider les autres à cheminer. Elle est source de notre vie, de notre joie, de notre mission apostolique.